30/04/2007 : Zeturf : l’affaire la plus controversée du jeu en ligne (Part 1 )
— F-A-C : Bonjour Emmanuel De Rohan Chabot, pouvez-vous vous présenter ?
E. De Rohan Chabot : Je suis Emmanuel De Rohan Chabot, je suis le managing director de Zeturf Limited qui est la société qui exploite le site Zeturf.com et j’ai 43 ans.
— F-A-C : Quelle était votre expérience professionnelle avant l’aventure Zeturf, donc avant le jeu en ligne ?
E. De Rohan Chabot : Avant Zeturf j’ai fait partie d’une équipe de gestion d’un fonds d’investissement au capital-risque français et avant ça, j’ai travaillé dans un cabinet d’audit, il y a très longtemps.
— F-A-C : Concrètement, vous avez démarré directement votre expérience dans le jeu en ligne grâce à zeturf ?
E. De Rohan Chabot : En fait j’ai créé zeturf il y a six ans en tant que site d’informations gratuites sur les courses de chevaux.
— F-A-C : Etes-vous le créateur et le gérant de zeturf ?
E. De Rohan Chabot : Zeturf.com a été créé en 2001. A la base, le site donnait uniquement des informations gratuites sur les courses hippiques, essentiellement sur des courses françaises au départ mais aussi sur quelques courses européennes aussi. Le modèle économique sur les courses de chevaux n’etait pas un modèle extrêmement performant, et ce d’autant plus, que malgré mes appels du pied répétés, je n’ai jamais pu établir de partenariat avec le PMU en France.
Donc, en 2004, j’ai vendu l’activité internet de la société francaise (qui par ailleurs continue a faire de l’information, mais pour la presse écrite spécialisées dans les courses hippiques) à un groupe d’investisseurs maltais qui souhaitait de manière évidente en dévellopper l’activité de jeu et ils m’ont priés de contribuer à l’essor de la sciété en travaillant à leurs côtés depuis Malte.
— F-A-C : Combien de personnes sont employées par Zeturf à l’heure actuelle ?
E. De Rohan Chabot : Zeturf compte aujourd’hui une quinzaine de personnes employées sur Malte.
— F-A-C : Et justement, pourquoi Malte ?
E. De Rohan Chabot : Pour deux raisons. La première est que les actionnaires majoritaires de Zeturf sont de diverses provenances européennes mais prncipalement Maltais et la seconde raison est que Malte est le premier pays d’europe qui a établit une législation contraignante mais en même temps assez libérale visant a organiser le jeu en ligne. C’est à dire que d’une part nous avons le droit d’exercer notre activité depuis Malte puisque nous y détenons une licence et d’autre part nous sommes strictement encadrés par le gouvernement Maltais.
Je pense que l’activité du jeu en ligne doit être libéralisée, mais qu’il faut se soumettre a un cadre législatif assez contraignant afin de surveiller ce secteur. Malte correspond parfaitement à l’ensemble de ces impératifs.
— F-A-C : Combien de joueurs sont actuellement actifs chez Zeturf ?
E. De Rohan Chabot : Environ 35 000.
— F-A-C : Wow ! Et quels sont les atouts de Zeturf par rapport a ses concurrents ?
E. De Rohan Chabot : Le premier atout évident consiste en le fait que Zeturf paie des rapports supérieurs a ceux de ses concurrents, Zeturf est un site de paris mutuels qui redistribue aux gagnants 95% des mises engagées. Comparé au taux de redistribution du PMU ou au taux des opérateurs Anglais qui s’élevent a seulement 75% ou bien au taux d’autres concurrents qui atteignent juste 80%, nous pouvons dire que Zeturf est plutôt bien placé puisque zeturf redistribue donc 20 à 30% de plus que ses concurrents.
— F-A-C : Mais comment expliquez-vous cet écart ?
E. De Rohan Chabot : C’est très simple : zeturf a une structure internet et non pas une structure en dur comme beaucoup d’autres opérateurs spécialisés dans le pari en ligne. Ces structures en dur génèrent en effet des coûts de gestion très importants alors qu’une structure internet est tout à fait performante et nous permet de gagner notre vie tout en ayant des taux de redistribution élevés.
Pour revenir a votre question initiale, zeturf est à ma connaissance le seul site de prises de paris hippiques qui mette à la disposition des joueurs enormément d’informations puisque le fait de prendre du pari mutuel suppose que nous ne jouons pas contre nos joueurs. Nous nous contentons de répartir aux gagnants 95% des sommes engagées par les parieurs.
Moralité, pour zeturf, que ce soit le cheval N°1 ou le cheval N°15 qui gagne, cela nous est totalement indifférent. Idem si c’est un favori ou un outsider qui remporte une course… Cela explique pourquoi nous mettons à la disposition des joueurs la totalité des informations dont nous disposons.
Nous sommes le seul site de prise de paris hippiques à mélanger et à mettre a la disposition des joueurs, a la fois la possibilité de jouer en ligne mais aussi la possibilité d’exploiter une très grande base de données pour effectuer leurs paris.
Enfin, dernier point, nous offrons un niveau de service plus élevés que celui qu’on peut obtenir chez les autres acteurs des jeux hippiques.
— F-A-C : Vous voulez dire par là que votre service client est meilleur ?
E. De Rohan Chabot : Oui, un meilleur service aux joueurs : davantage de réactivité. Je crois que chez mes concurrents, lorsque les joueurs demandent a encaisser leurs gains, le delai est de 2 a 3 semaines d’attente. Chez Zeturf, le joueur encaisse son gain dans la journée !
— F-A-C : Le paiement des gains est donc immédiat ?
E. De Rohan Chabot : Tout à fait.
— F-A-C : Je note cependant qu’on vous voit très peu en France. Vous n’avez pas de programme d’affiliation, alors comment faites-vous pour recruter les joueurs ?
E. De Rohan Chabot : D’abord, Zeturf, grâce à son principe d’informations divulguées en permanence aux joueurs, possédait un vivier de clientèle interne qui n’était pas négligeable. De plus, pendant un an et demi, nous avons mené une bagarre juridique assez dure contre la France et le PMU et je dois dire que cela a considérablement restreint nos moyens de dévellopement, puisque le budjet juridique était assez élevé ! ( Rires )
Nous sommes seulement aujourd’hui en train de commencer a faire du marketing, nous réfléchissons comment recruter des joueurs tout en sachant que la France n’est pas du tout notre seul marché, puisque nos clients francais sont actuellement minoritaires. De même que les courses françaises proposées par Zeturf sont minoritaires par rapport a l’ensemble des courses que nous proposons, la France n’est vraiment pas notre seul vivier de dévellopement mais ceci étant, nous sommes en train de nous interesser à des programmes d’affiliation et de marketing pour accélérer le recrutement d’affiliés.
— F-A-C : Parti de ce principe-là, vous envisagez plutôt de confier le recrutement à une régie publicitaire ou bien de créer votre propre programme d’affiliation ?
E. De Rohan Chabot : L’affiliation n’est pas notre métier donc nous envisageons la première solution et étudions les propositions de différentes régies publicitaires.
— F-A-C : Question à 1 million de dollars : pensez-vous avoir copié le PMU et leurs cotes ?
E. De Rohan Chabot : Pas du tout ! Tout d’abord, pour ce qui est des cotes, il est incontestable que dans la partie “informations” de Zeturf , nous mettons les cotes du PMU à titre informatif … Est-ce que nous les
copions ? Non, je ne suis pas d’accord, car en réalité Zeturf reprend une information qui relève du domaine public. Par ailleurs, nous ne copions pas les cotes du PMU puisque notre site est régit par le système du pari mutuel et nous etablissons nos propres cotes. Il suffit dese rendre sur Zeturf pour constater que les cotes données par Zeturf sont différentes de celles données par le PMU. ( rires ) Et de manière générale, nos cotes sont superieures : cela explique notre succès…
— F-A-C : Le PMU a indiqué avoir mis des fautes d’orthographe sur son site et à précisé que vous les auriez recopiées à l’identique … De quoi s’agit-il ?
E. De Rohan Chabot : Si il s’agit de cotes et de fautes d’orthographes dans des chiffres, ca m’etonnerait car il y a assez peu de possibilités de commettre des fautes d’orthographe dans des chiffres … D’autres part, le PMU ou
les sociétés de courses françaises publient les programmes. Ce sont eux qui les établissent et rendent ces informations publiques ! Je souligne d’ailleurs qu’il y a actuellement une jurisprudence sur le sujet : à partir du moment où le programme des courses ( ou bien des arrivées ) est diffusé par les sociétés orgaisatrice, cela devient une information libre. Cela a été jugé par la Cour de Justice Européenne.
Nous sommes bien obligés de reprendre ces informations sur les sites ou dans les communications des sociétés de courses, puisqu’ils sont les seuls a pouvoir établir de telles informations compte tenu que ce sont eux qui organisent les courses. Donc, en effet, si volontairement ou involontairement, une société de courses hippiques glisse une faute d’orthographe dans le nom d’un cheval ou d’un jockey, la faute sera reprise par nous egalement vu que nous ne sommes pas l’organisateur des courses. Il n’en reste pas moins que fautes d’orthographe ou pas, ces informations sont libres d’être diffusées dans la mesure où elles sont rendues publiques.
— F-A-C : Pouvez-vous résumer vos démélées avec le PMU ? Que pouvez-vous nous dire sur le sujet ?
E. De Rohan Chabot : En fait, le PMU considère qu’il a le monopole sur la prise de paris concernant les courses hippiques françaises. L’évolution de la jurisprudence européenne et la notion de libre circulation des services en Europe contestent depuis quelques années la position du PMU. dés que nous avons commencé à prendre du pari sur les courses hippiques françaises, le PMU nous a attaqué en procès pour que nous cessions de prendre du pari sur ces courses-là. Nous nous sommes basés à l’époque sur la jurisprudence européenne et nous avons considéré que nous n’avions pas à cesser nos paris vu que nous étions dans le cadre de la libre circulation des services en Europe. Nous avons été tout de même condamnés, en première instance, en référé à Paris puis par la Cour d’Appel de Paris en janvier 2006…
Ceci étant, la Cour d’Appel de Malte a jugé que cette condamnation etait sans objet et ne pouvait pas s’appliquer à Malte puisque c’est de là que nous exerçons notre activité, tout a fait légalement. Donc aujourd’hui nous en sommes là.
D’une part,nous sommes a l’abri des décisions des tribunaux français, d’autre part, il reste un certain nombre de procédures en cours. Enfin, puisque nous avons déposé plainte contre la France et le PMU, cela a conduit la Commission Européenne a envoyer une demande d’explication à la France sur sa politique des jeux. Cette demande d’explication devrait, à court terme, mener à une condamnation de la France au mois de Juin 2007 sur sa politique en la matière. Pour finir, la procédure française fait l’objet d’un pourvoi en Cassation qui sera jugé au mois de Mai ou de Juin.
Ca tombe bien d’ailleurs que votre interview tombe aujourd’hui car nous avions été condamnés par les tribunaux français à verser de lourdes astreintes au PMU et aujourd’hui, ce matin, une decision de la cour d’Appel de Paris nous est parvenu : ces astreintes ont finalement été jugées comme non-applicables en attendant le jugement de la Cour de Cassation. Aujourd’hui, il n’y a donc plus d’astreintes sur zeturf, elles sont suspendues jusqu’à la décision de la Cour de Cassation !
— F-A-C : Félicitations ! Et les astreintes etaient de quel ordre ?
E. De Rohan Chabot : 50 000 € par jour.
— F-A-C : Wow ! Ce n’est pas rien …
E. De Rohan Chabot : Tout a fait. On parle là de montants non négligeables.
— F-A-C : Patrick Partouche milite pour un oligopole “à la française” sur les jeux d’argent en ligne , à savoir autoriser l’exploitation du jeu en ligne par les casinos en durs principalement. Qu’en dites-vous et pensez-vous qu’une telle mesure puisse être acceptée en France ?
E. De Rohan Chabot : A mon avis, on va même aller au delà de ça. Il parait difficilement concevable de laisser un oligopole de casinos établis sur le territoire français avoir une activité exclusive sur le jeu en ligne en France. L’activité devra forcément s’ouvrir. Ceci dit, là où je rejoins Patrick Partouche, c’est sur l’encadrement de l’activité. Qu’il s’agisse de paris sportifs, de poker ou de casinos, j’estime que
les sociétés pouvant exercer doivent être soumises à l’autorité d’un contrôle étatique.
En revanche, contrairement a ce que pense Patrick Partouche, je ne crois pas qu’il faille réserver cette activité a des acteurs français. Je pense qu’il faut voir ceci à l’echelle européenne en laissant les sociétés titulaires d’une licence européenne exercer en toute quiétude.
— F-A-C : Je comprends. Mais alors, de quelle manière imaginez-vous le futur du jeu en ligne en France et en Europe ?
E. De Rohan Chabot : Très simplement, je pense que l’evolution générale tend à la fin des monopoles nationaux et qu’il faudra que le France, comme les autres pays, se mette au diapason. Un certains nombres de pays ont déjà dû s’adapter a la situation. On parle de Malte, mais on parle egalement de l’Italie et de l’Espagne. On a vu egalement que la Hongrie, le Danemark et la Finlande ont été sommés d’ouvrir leurs marchés.
Le Royaume uni est déjà bien en place et même l’Allemagne a annoncé que son marché s’ouvrirait lui aussi dans un futur plus ou moins proche. La france sera obligée de suivre le mouvement général et accepter que cette activité soit ouverte a des opérateurs européens. Il n’y a plus d’autre choix.
En Europe, la Commission Européenne, après avoir été plutôt silencieuse sur le sujet pendant très longtemps, a commencé à prendre des positions puisqu’en Avril 2006 avait été envoyé un premier lot de lettres à sept pays europééens. Ces lettres demandaient des explications sur les monopoles d’états et trois de ces sept pays ont ensuite été condamnés récement, soit en Mars 2007. Il apparait donc très clairement que les pays continuant à être récalcitrants à l’ouverture du jeu en ligne aux opérateurs européens, seront condamnés à leur tour. On va donc ouvrir un libre espace européen à l’activité de services qu’est le jeu !
Bien sûr, cette ouverture ne soit se faire à mon avis que si il y a un contrôle exercé par un des pays membres de la Communauté Européenne afin de vérifier qu’on ne tombe pas dans des problématiques de jeu compulsif ou bien dans des problèmes d’activités frauduleuses, voire de blanchiement d’argent.
05/04/2007 : Zeturf : un remède cheval !